Roch-Cuerrier a découvert le Worm Hole lors d’un voyage en Irlande au printemps 2015, après quelques heures de randonnée sur un petit sentier dans la campagne irlandaise, longeant des falaises bordant l’océan Atlantique. Le Worm Hole est une formation géologique naturelle sur l’île d’Inishmore, dans laquelle l’eau de mer monte et descend avec les marées. L’événement est étrange et mystérieux, l’eau colorée faisant surface au milieu de la terre. Ses contours géométriques et bien définis suggèrent une intervention humaine, pourtant la piscine a été creusée par les éléments et par le temps. L’image nous donne l’impression d’un rêve ou d’un portail vers une autre réalité.
À l’heure des bouleversements sociaux et environnementaux, Worm Hole prend désormais un sens qui dépasse la poétique dont elle est empreinte. L’œuvre nous invite à porter un nouveau regard sur le monde qui nous entoure. À travers les contours bien découpés de la piscine, qui au premier coup d’œil suggèrent le résultat d’une action humaine, Roch-Cuerrier questionne le regard anthropocentrique que nous avons souvent sur le monde qui nous entoure. Elle explore notre rapport au paysage et cherche à mieux comprendre comment nous existons dans le monde, et comment mieux cohabiter avec lui.
Le mouvement de l’eau, suspendu dans le temps et figé dans l’instant photographique, incite à une pause: un moment de réflexion. Enfermée entre ces parois de pierre à l’apparence monumentale et immuable, l’eau de la mer, vivante et en perpétuel mouvement, interroge notre conception de l’impermanence. Grâce à Worm Hole, l’artiste réfléchit à la possibilité de matérialiser l’expérience vécue et ressentie du temps, en insistant sur la sensation intime que nous pouvons en avoir.


Vue d’installation, Water, Never Apart, 2016